Trouble de la vision : les signes chez les seniors

Les soins des troubles de la vision font partie des besoins les plus élémentaires des personnes âgées. Il est assez facile de comprendre pourquoi, la vision étant l’un des sens les plus constamment sollicités. Ceci dit, même en étant conscient de cela, on sous-estime souvent à quel point les troubles de la vision ont des conséquences directes et indirectes sur la vie des seniors. C’est le sujet que nous aborderons dans un premier temps avant de nous intéresser aux facteurs physiologiques et environnementaux favorisant l’apparition des divers troubles de la vision, pour enfin finir sur une typologie de ces troubles de la vision ainsi que les plans de traitement et de prévention.

Sophie Berger

Un article de

Sophie Berger
,
Infirmière de coordination
28/1/2025
Mis à jour le
28/1/2025
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Dans cet article

Troubles de la vision : quels risques ?

Risques pour la sécurité physique

Chutes et blessures : un danger quotidien

Avec l'âge, l'acuité visuelle diminue et se déplacer comporte donc proportionnellement plus de risques pour les seniors. Il devient en effet plus difficile de :  

  • repérer les obstacles ;  
  • évaluer correctement les distances ;
  • et donc d’éviter des collisions avec des meubles ou des murs par exemple.

Que ce soit en raison d’une vision floue ou à cause d’une difficulté à percevoir les reliefs, ce type d’accidents domestiques a, comme nous le verrons, une tendance à entraîner des blessures graves telles que la tristement célèbre fracture du col du fémur. D’où la nécessité de bien aménager les logements des seniors.

Les conséquences sont d'autant plus préoccupantes que ces blessures nécessitent des interventions chirurgicales invasives et de longues périodes de rééducation, conduisant parfois à une perte définitive de mobilité et donc d’autonomie.

Problèmes de coordination et de perception

Outre les risques de chute ou de collision, les troubles de la vision, souvent liés à des affections neurologiques ou ophtalmologiques comme une névrite optique, nuisent à la coordination et à la perception spatiale. Ces problèmes affectent directement la capacité des seniors à effectuer des tâches nécessitant de la précision, comme manipuler des objets. Par ailleurs, une vision floue constante entraîne une fatigue visuelle accrue, ce qui peut réduire encore davantage la vigilance et la sécurité.

Des risques aussi en extérieur

Si les risques sont déjà importants à la maison, ils le sont encore davantage en dehors du domicile. Notamment dans les lieux publics et les espaces urbains, qui sont en général très peu adaptés aux personnes souffrant de troubles de la vision. En effet, manquer une marche de trottoir, d’escalier ou rater un passage piéton est malheureusement une catégorie d'accidents plus répandue et plus grave chez les seniors que parmi les autres catégories d’âge de la population.  

Dans la même logique, conduire est bien entendu une activité particulièrement risquée pour les seniors souffrant de troubles de la vue. En effet, lorsqu’on a du mal à distinguer clairement les objets à distance, à évaluer les vitesses et à percevoir les contrastes, il devient autrement plus délicat d’être en mesure de réagir suffisamment vite et bien pour éviter la collision avec un obstacle voire avec d’autres usagers.  

Sans oublier que les phares éblouissants ou le passage de la lumière à l'obscurité, peuvent être difficiles à appréhender pour des personnes souffrant de problèmes oculaires.

Conséquences mentales, psychologiques et sociales

Déclin cognitif associé aux troubles visuels

Certains troubles de la vision, s’ils demeurent non corrigés, chez les seniors comme dans le reste de la population, peuvent contribuer à un déclin cognitif :  lorsqu’on a du mal à lire un livre ou le journal, à résoudre des mots croisés ou à prendre part à d’autres activités qui stimulent les facultés mentales, on est beaucoup moins enclin à le faire et on a donc nettement moins d’occasions de garder son cerveau actif. C’est ce manque de stimulation, combiné à une mobilité réduite, qui peut accélérer la détérioration cognitive et favoriser l’apparition de maladies neurodégénératives.

Isolement social et dépression

De la même manière, lorsqu’on souffre de troubles de la vision, on est moins en capacité d'interagir avec les autres et avec ce qui constitue l’environnement commun. Ainsi, les seniors ayant une vision dégradée peuvent éprouver des difficultés à :  

  • reconnaître les visages ;  
  • lire ;  
  • regarder la télévision.  

Autant d’obstacles à la vie sociale car difficile de commenter un programme télévisuel ou la presse si on ne peut pas en décoder le contenu. Indirectement, les troubles de la vision poussent donc les seniors qui en souffrent à se désengager des activités sociales (repas de famille, sorties entre amis, etc.) menant progressivement à un isolement social.

L’isolement amène par définition le sentiment de solitude, ce qui peut à son tour conduire à de l'anxiété, de la dépression, une perte d’estime de soi, liée à leur incapacité à accomplir des tâches simples ou à leur dépendance croissante envers les autres.

Perte d’autonomie et anxiété

Car oui, les troubles visuels affectent l’autonomie des personnes âgées. Par exemple, la lecture des instructions médicamenteuses, la gestion des finances ou la préparation des repas deviennent des défis quotidiens.

En outre, l'incapacité à anticiper les dangers, comme ne pas voir un obstacle ou ne pas distinguer les visages, crée une insécurité constante. Ce sentiment peut amener à limiter les déplacements, confinant les seniors à leur domicile et renforçant leur isolement.

Enfin, les proches eux-mêmes, confrontés à la dépendance croissante du senior, peuvent ressentir une plus forte pression sur leurs épaules, ce qui peut parfois engendrer des tensions.

Quels sont les facteurs de risque de maladie des yeux chez les seniors ?

Facteurs biologiques

Vieillissement et maladies liées à l’âge

Le vieillissement cellulaire lui-même est le premier facteur de risque des troubles de la vision. Avec le temps, le cristallin devient moins flexible et plus opaque, ce qui ouvre la voie à des affections comme la presbytie ou la cataracte. La rétine, en particulier la macula, peut également subir des altérations dues à l'âge, ce qui se manifeste par la pathologie appelée dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Une autre maladie liée à l’âge, le glaucome, résulte d’une augmentation de la pression intraoculaire qui endommage le nerf optique.

Les antécédents familiaux jouent un rôle significatif dans le développement des maladies oculaires : les individus ayant des membres de leur famille atteints de glaucome ou de DMLA présentent un risque accru de développer eux-mêmes ces troubles. Il est donc essentiel pour les seniors ayant de tels antécédents de consulter régulièrement un ophtalmologiste pour un dépistage précoce.  

Ce genre de pathologie peut aussi être diagnostiqué au cours d’un bilan de santé.

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Affections systémiques (diabète, hypertension...)

Le vieillissement, au sens large cette fois, a aussi un impact indirect sur la vision, via d’autres maladies liées à l’âge.

Ainsi, certaines affections systémiques, comme les maladies cardiovasculaires, jouent un rôle clé dans la santé oculaire des seniors. Par exemple, l’hypertension artérielle peut provoquer une rétinopathie hypertensive, qui se manifeste par des microanévrismes ou des saignements au niveau de la rétine.  

De même, un accident ischémique transitoire (signe avant-coureur de l’AVC) peut entraîner une perte temporaire ou permanente de la vision en raison d’une diminution du flux sanguin vers l'artère cérébrale.

Enfin, avec l’âge et la prise de poids, les risques de diabète de type II augmentent. Cette maladie pouvant elle-même provoquer une rétinopathie. Enfin, l’obésité (qui peut survenir suite à la sédentarisation elle-même issue de la perte de mobilité) peut également exacerber la pression intraoculaire, augmentant ainsi la probabilité de glaucome.

Sclérose en plaques et autres maladies auto-immunes

La sclérose en plaques, qui affecte le système nerveux central, peut entraîner une névrite optique, c'est-à-dire une inflammation du nerf optique. Ce trouble se manifeste par une vision floue ou une perte soudaine de la vision, souvent accompagnée de douleurs oculaires. D'autres maladies auto-immunes, comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde, peuvent également affecter les tissus oculaires, causant des inflammations ou des dommages permanents.

Facteurs liés au mode de vie

L'importance de l’exercice physique

On l’a très brièvement évoqué plus haut mais un mode de vie sédentaire demeure un facteur de risque sous-estimé pour les troubles de la vision. L'exercice régulier améliore la circulation sanguine, y compris dans les yeux, et aide à maintenir une pression intraoculaire normale. A contrario, un manque d'activité physique peut aggraver les maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension, maladies qui ont elles-mêmes un impact direct sur la santé oculaire.

La gestion du stress

Le stress chronique pèse lui aussi sur la vision : il peut provoquer des spasmes musculaires autour des yeux, entraînant une fatigue oculaire ou une vision floue temporaire. Chez les seniors, il est recommandé de lutter contre le stress à travers des pratiques douces comme le yoga ou la méditation non seulement pour protéger la santé mentale mais aussi pour la santé oculaire.

Tabagisme et alimentation

Le tabagisme est un facteur aggravant pour de nombreuses maladies oculaires, surtout la cataracte et la DMLA car :  

  • Il favorise l’oxydation excessive des cellules (stress oxydatif), ce qui les détériore ;
  • Il réduit l’afflux sanguin ;
  • Il endommage directement les tissus oculaires.

Côté alimentation, certaines carences tendent à affaiblir les défenses naturelles des yeux et à favoriser la survenue de maladies dégénératives. Il faut veiller aux dangers de la dénutrition et en particulier aux manques en vitamines A, C et E ainsi qu’en lutéine et zéaxanthine.

Nutriments essentiels vision

Exposition à la lumière et effets secondaires de traitements médicamenteux

Une exposition prolongée aux rayons ultraviolets sans protection adéquate peut endommager la cornée, accélérer la formation de la cataracte et aggraver les symptômes de la DMLA. Le port de lunettes avec un filtre UV est une mesure simple mais essentielle pour protéger les yeux des dommages causés par la lumière du soleil.

Certains médicaments, comme les corticostéroïdes, augmentent la pression intraoculaire ou favorisent l’apparition de cataractes précoces. Il est important de surveiller leurs effets secondaires et d’informer son ophtalmologiste des traitements en cours.

Les différents problèmes de vue chez les seniors

La cataracte

La cataracte se caractérise par une opacification progressive du cristallin. Les premiers symptômes se manifestent par :  

  • une vision floue ;  
  • une sensibilité accrue à la lumière ;  
  • une difficulté à percevoir les couleurs.  

Non traitée, la cataracte peut entraîner une cécité totale.

La chirurgie de la cataracte est le traitement le plus efficace. Elle consiste à remplacer le cristallin opacifié par une lentille artificielle. Ce type d’intervention est rapide, peu invasif et offre une amélioration quasi immédiate de la vision (quelques jours). Avant l’opération, des mesures comme l’utilisation de lunettes adaptées ou de gouttes pour les yeux peuvent aider à soulager les symptômes.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)

La DMLA peut être sèche ou humide. La forme sèche, plus courante, provoque une dégradation progressive de la macula, entraînant une perte de la vision centrale. La forme humide, plus rare mais agressive, est due à une croissance anormale de vaisseaux sanguins sous la rétine. Elle cause des écoulements oculaires et des cicatrices.

Pour la DMLA sèche, un régime riche en antioxydants et en oméga-3 peut ralentir la progression. La DMLA humide peut être stabilisée par des injections intraoculaires d’anti-VEGF. Un suivi annuel chez l’ophtalmologiste permet de détecter ces troubles à un stade précoce.

Tableau DMLA sèche et humide

Le glaucome

Le glaucome, souvent asymptomatique à ses débuts, entraîne une perte progressive de la vision périphérique, évoluant vers une vision en tunnel. Si elle n’est pas traitée, cette maladie peut causer, à l’instar de la cataracte, une cécité irréversible.

Les gouttes destinées à réduire la pression intraoculaire constituent le premier traitement. Des interventions chirurgicales ou laser peuvent être prescrites pour les cas avancés. Un examen régulier du fond de l’œil est le meilleur moyen de diagnostiquer le développement de cette maladie.

Décollement de la rétine

Le décollement de la rétine est une urgence ophtalmologique qui se manifeste par des symptômes comme l’apparition soudaine de corps flottants ou d’éclairs lumineux dans le champ de vision. Si ce trouble n’est pas traité rapidement par une intervention chirurgicale, il peut entraîner une perte permanente de la vision. Les patients à risque, comme ceux souffrant de myopie importante ou ayant des antécédents de traumatisme oculaire, doivent être particulièrement vigilants.

La presbytie

La presbytie affecte la capacité de l’œil à voir les objets proches. Ce trouble est particulièrement gênant pour des activités comme la lecture ou la couture.

Le port de lunettes, en particulier de verres progressifs, est le moyen correctif le plus répandu. Des lentilles de contact multifocales ou une chirurgie réfractive peuvent également être envisagées pour certains patients.

Prévention et suivi ophtalmologique régulier sont ici encore les clés pour préserver sa qualité de vie en tant que senior.

Erreurs de réfraction

Les erreurs de réfraction, comme l’astigmatisme ou l’hypermétropie, deviennent souvent plus prononcées avec l’âge. Ces troubles peuvent être corrigés efficacement par des lunettes, des lentilles de contact ou, dans certains cas, une chirurgie réfractive. Une consultation régulière avec un ophtalmologiste est essentielle pour adapter ces solutions aux besoins évolutifs des patients.

En fin de compte, repérer les troubles de la vision chez les seniors se fait à plusieurs niveaux. D’abord et c’est le plus important, en veillant à consulter un ophtalmologiste au moins une fois par an si aucun problème majeur n’a été diagnostiqué et plus fréquemment dans le cas contraire. Ensuite, il faudra aussi faire attention aux signes indirects que sont l’isolement ou le refus de participer à certaines activités. Enfin, il est possible d’anticiper, dans une certaine mesure, en prêtant attention aux nombreux facteurs de risques, qu’ils soient liés au mode de vie ou à d’autres maladies déjà installées.

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À retenir : Les troubles de la vision chez les seniors

Quelles sont les maladies des yeux les plus graves ?

Les maladies des yeux les plus graves incluent le glaucome, qui peut entraîner une cécité irréversible, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), affectant la vision centrale, et le décollement de la rétine, une urgence médicale pouvant causer une perte permanente de la vision sans intervention rapide.

Quelle maladie provoque des troubles de la vue chez les seniors ?

Chez les seniors, la cataracte est fréquente et provoque une vision floue due à l’opacification du cristallin. La DMLA, le glaucome et la rétinopathie diabétique sont également des maladies fréquentes qui affectent gravement la vue si elles ne sont pas dépistées et traitées à temps.

Quelle carence provoque des troubles de la vision ?

La carence en vitamine A est une des causes majeures de troubles de la vision, affectant notamment la vision nocturne. D'autres carences, comme celles en lutéine, zéaxanthine ou oméga-3, affaiblissent la santé oculaire et augmentent le risque de maladies dégénératives comme la DMLA.