La rémunération des aidants familiaux est plus un patchwork de plusieurs solutions qui peuvent être cumulées ou non, plutôt qu’un véritable cadre reflétant une situation entièrement reconnue, comme cela peut être le cas pour un salarié d’entreprise ou un fonctionnaire par exemple. L’AJPA est l’une de ces solutions, mais nous allons le voir, si elle n’est pas une solution parfaite, elle se distingue des autres prestations de bien des manières. Voyons ensemble ce qu’est l’AJPA, à qui elle s’adresse, comment elle fonctionne et comment monter votre dossier de demande.
Qu’est-ce que l’AJPA (Allocation Journalière du Proche Aidant) ?
Le rôle des aidants familiaux en France
En France, selon une enquête menée par la DREES, plus de 8 millions de personnes déclaraient en 2021 être proche aidant. La même année, le ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance, dans son guide ministériel du proche aidant, parlait de 11 millions de Français et de Françaises. Dans les deux cas, le fait est que cela représente une part importante de la population (entre 1 personne sur 6 et une personne sur 7).
Ce sont des parents, des enfants, des conjoints ou des amis qui consacrent beaucoup de leur temps à soutenir une personne proche :
Les proches aidants aident ainsi ces personnes à s'habiller, à s’alimenter (courses, cuisine ou aide directe pour faire manger), à se déplacer, ou encore à répondre à des obligations d’ordre administratif (notamment le courrier) ou médical.
Il va sans dire que ce travail de soutien est absolument indispensable à la qualité de vie et même à la dignité des personnes aidées. Mais ces impératifs, comme on l’a dit, prennent du temps, et c’est pourquoi les proches aidants se trouvent très souvent contraints de devoir réduire, voire interrompre complètement leur activité professionnelle. Ce qui bien entendu, a de très importantes répercussions financières pour eux :
baisse/perte de revenus ;
suspension des cotisations sociales (retraite, ARE, etc.)
Proche aidant et aidant familial sont deux termes qui désignent la même chose. Aujourd’hui, les amis et les compagnons/compagnes non marié.es ou non pacsé.es peuvent prétendre au statut de manière officielle, c’est pourquoi le terme d’aidant familial n’est plus tout à fait adapté, mais on continue à l’employer par habitude.
Une aide financière pour alléger la charge des aidants
Pour entrer véritablement dans le vif du sujet, l’AJPA est une prestation qui indemnise les aidants familiaux lorsqu’ils interrompent ou réduisent leur activité professionnelle afin d’accompagner un proche en situation de handicap, de perte d’autonomie ou souffrant de certaines maladies. Elle vise à combler, au moins partiellement, la perte de revenus liée à cette interruption de carrière.
C’est donc une allocation qui a en premier lieu vocation à permettre aux aidants de continuer à assumer leur rôle sans être confrontés à des difficultés financières insurmontables. Mais comme on l’a vu, elle s’inscrit par ailleurs dans une logique de reconnaissance de leur contribution sociale. Bien qu’invisibilisé, le rôle de l’aidant familial est un rouage qui se situe au cœur du système de santé et de solidarité de notre société.
Des aidants de tous horizons professionnels
On pourrait penser que l’AJPA s’adresse uniquement aux salariés mais ce n’est pas le cas. Bien au contraire, elle est accessible à (presque) tous les types de situation professionnelle :
Les salariés du secteur privé et public ;
Les travailleurs indépendants, comme les artisans ou les entrepreneurs ;
Les parents au foyer ou les particuliers employeurs ;
Les demandeurs d’emploi percevant des indemnités chômage (ARE) ;
Les conjoints collaborateurs.
Ici encore, on voit que la volonté derrière le dispositif AJPA est de proposer une solution sinon universelle, au moins inclusive, pour que peu importe son statut professionnel (exceptions faites des retraités et demandeurs d’emploi non indemnisés), on puisse porter assistance à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie.
Monka, expert dans l'accompagnement des aidants
Monka est présent pour vous soutenir et vous conseiller face à la perte d'autonomie de votre proche âgé et toutes les contraintes que cela engendre dans votre vie quotidienne en tant qu'aidant familial.
Quel est le montant d’indemnisation d’un aidant familial ?
Le montant de l’Allocation Journalière du Proche Aidant en 2024 est fixé à 64,54 € par jour. Cette somme est toujours la même, peu importe le statut professionnel de l’aidant.
Une indemnisation à la demi-journée est cela dit envisageable, avec un montant réduit de moitié, soit 32,27 € et dans la limite de 22 jours par mois. Cette option est particulièrement utile pour les aidants en capacité de maintenir une activité partielle en parallèle de leur rôle auprès de leur proche.
En fonction du régime social de l’aidant, le versement de l’AJPA est réalisé par l’un ou l’autre des organismes publics suivants :
La Mutualité Sociale Agricole (MSA) pour les travailleurs relevant du régime agricole ;
La Caisse d’Allocations Familiales (CAF) pour tous les autres.
Même si le montant est calculé sur la base des jours ayant été déclarés comme consacrés à l’aide d’un proche, l’allocation est versée mensuellement.
Toutefois, il y a bien un plafond : tout aidant ne peut être indemnisé que pour 66 jours maximum sur l’ensemble de sa carrière. Ce plafond de 66 jours peut être réparti librement selon les besoins, que ce soit sur une période continue ou fractionnée.
Depuis le 1er janvier 2025, il est possible de recevoir l’AJPA pour 4 proches différents au cours d’une même carrière, toujours dans la limite de 66 jours par proche.
La flexibilité du dispositif
Vous l’aurez remarqué, l’AJPA est une allocation souple : on peut moduler sa demande selon ses propres disponibilités et selon les besoins du proche aidé.
Par exemple, on peut demander une allocation pour une journée entière lorsqu’on accompagne son proche à des consultations médicales lourdes ou à des traitements. De même, comme on l’a dit, l’indemnisation à la demi-journée est possible, et pour tout dire bienvenue si l’on doit honorer des rendez-vous ou effectuer des tâches ponctuelles.
Et cette flexibilité est d’autant plus pratique pour les familles dans lesquelles plusieurs personnes ont un rôle d’aidant et où il faut constamment s’organiser et s’adapter aux impératifs des uns et des autres (maladie, congés, vie parentale, etc.)
Quel est l’impact sur les droits sociaux de l’aidant ?
En plus d’être un soutien financier direct, l’AJPA garantit la continuité de certains droits sociaux pour les aidants. En effet, pendant la période où vous percevez cette allocation, vos droits à la retraite sont maintenus. Les cotisations sociales sont prises en charge, évitant ainsi toute lacune dans vos droits pour l’ensemble de votre carrière.
C’est un point intéressant pour tout le monde mais encore plus pour les aidants eux-mêmes proches de la retraite ou ceux ayant des carrières hachées, comme les conjoints collaborateurs ou les travailleurs indépendants.
Comment peut-on bénéficier de l’AJPA ?
Conditions et critères d’éligibilité
Même si l’AJPA a été pensée comme universelle, elle comporte tout de même un certain nombre de cases à cocher :
Remplir les conditions générales, à savoir si vous n’êtes pas de nationalité française : soit être ressortissant.e de l’UE, de l’EEE (Norvège, Islande et Liechtenstein) ou de la Suisse ; soit avoir un titre de séjour en cours de validité.
Vous devez prouver que vous avez interrompu, cessé ou réduit votre travail pour accompagner un proche.
Il doit exister un lien familial ou affectif étroit entre vous et la personne aidée, qu’il s’agisse d’un parent, d’un conjoint, d’un enfant, d’un autre membre de la famille, d’un concubin, d’un ami proche.
Vous devez être en activité professionnelle (ce qui inclut les demandeurs d’emploi indemnisés et/ou en formation professionnelle) ;
Résider en France de manière régulière ;
Si vous êtes salarié : avoir demandé un congé proche aidant à votre employeur ;
Ne pas être bénéficiaire d’une prestation non cumulable (AAH, AJAP, etc.) ;
Ne pas être déclaré salarié par votre proche aidant (s’il est bénéficiaire de l’APA ou de la PCH).
En ce qui concerne votre proche aidé, il ou elle doit :
Résider en France de manière régulière ;
Être en situation de handicap, avec un taux d’incapacité égal ou supérieur à 80 %, reconnu par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) ;
Par remise du formulaire CERFA 16108*01 auprès de votre agence CAF/MSA en main propre.
Par envoi postal du même formulaire à la même adresse.
Quelles pièces justificatives joindre au formulaire AJPA ?
Il n’y en a qu’une et elle est indiquée à la dernière rubrique de la page 2 du formulaire CERFA 16108*01. Il s’agit de la notification de décision d’APA/PCH d’un organisme (Cpam, Maison départementale des personnes handicapées (Mdph), etc.) mentionnant le taux d’incapacité (supérieur ou égal à 80%) de la personne ou bien celle du conseil départemental mentionnant le groupe GIR du proche aidé. En somme, tout document officiel prouvant que le proche aidé est bien bénéficiaire de l’APA ou de la PCH, ce qui est automatiquement le cas s’il a été diagnostiqué GIR 1 à 4.
Avant de commencer à remplir le formulaire, sachez que vous aurez besoin des informations suivantes : nom ; prénom ; date de naissance ; numéro de sécurité sociale ou lieu de naissance du proche aidé.
Enfin, sachez que sur les plateformes de la CAF ou de la MSA vous pourrez suivre facilement l’état d’avancement de votre demande AJPA.
Conditions de renouvellement
Si les 66 jours d’AJPA disponibles pour l’ensemble de votre carrière sont épuisés, un renouvellement est en principe impossible. Cependant, dans des cas exceptionnels (par exemple, une situation de handicap évolutive ou un besoin d’accompagnement prolongé), une nouvelle demande peut être envisagée, sous réserve de justificatifs complémentaires.
Quelques précisions notables
Le dispositif est cumulable avec certaines prestations, comme les rentes d'accidents du travail ou certaines prestations familiales. En revanche, il n’est pas compatible avec des indemnités de remplacement pour maternité ou paternité. Si vous êtes bénéficiaire d’allocations de retour à l’emploi (chômage), vous pouvez également percevoir l’AJPA, sous réserve de l’accord de Pôle emploi.
Enfin, si vous êtes un travailleur indépendant ou un particulier employeur, l’interruption d’activité déclarée doit être vérifiable. Il est conseillé de conserver des preuves (arrêt d’activité, déclaration auprès de l’URSSAF, etc.) en cas de contrôle ultérieur.
En résumé, l'AJPA est indéniablement une aide financière, mais c’est une indemnisation et non une rémunération. De plus, c’est un dispositif très limité dans le temps puisqu’il ne peut dépasser 66 jours dans toute une carrière. Bien entendu, il reste bienvenu, et il a d’autres avantages comme celui de prendre en charge les cotisations sociales et de maintenir les droits à la retraite temporairement mais il faut le comprendre pour ce qu’il est : une aide ponctuelle très limitée dans le temps. Face à des situations de handicap ou de pertes d’autonomie durables, ce qui est malheureusement trop souvent le cas, il faudra sans doute trouver des solutions complémentaires.
Chez Monka, nous comprenons pleinement les défis liés au rôle d’aidant, notamment l’augmentation de la charge mentale et l’équilibre ténu entre vie professionnelle et personnelle. C’est pourquoi nous sommes à vos côtés pour soutenir vos proches et vous accompagner aujourd’hui, tout en préparant l’avenir. Découvrez-nos solutions dès à présent !
Points-clés : L’aide financière AJPA
Comment obtenir le titre ou statut de proche aidant ?
Il n’existe pas véritablement de titre ou de statut de proche aidant, c’est une situation de fait. Ce qui s’en rapproche c’est d’être éligible ou non aux prestations sociales s’adressant aux proches aidants. Il en existe plusieurs dont l’AJPA, qui est l’une des plus accessibles. Il faut remplir un formulaire disponible sur les sites de la CAF ou de la MSA et l’envoyer à l’un ou l’autre de ces organismes, selon votre régime. Parmi les critères, votre proche aidé doit être bénéficiaire de l’APA ou de la PCH.
Combien de temps dure l’AJPA ?
L’AJPA est versée pour un maximum de 66 jours sur l’ensemble de la carrière de l’aidant. Ces jours peuvent être utilisés en continu ou fractionnés, en fonction des besoins. Chaque jour indemnisé correspond à une journée complète ou deux demi-journées d’aide apportée au proche.
AJPA ou PCH ?
L’AJPA (Allocation Journalière du Proche Aidant) est une aide financière pour l’aidant qui interrompt son activité professionnelle. La PCH (Prestation de Compensation du Handicap) est destinée à couvrir les besoins spécifiques de la personne en situation de handicap. Les deux dispositifs peuvent parfois être complémentaires.
Partager l'article sur :
Ces articles peuvent vous intéresser
Monka vous aide à prendre soin de votre proche et de votre santé d'aidant
.svg){kind=small}
