Aidant familial retraite

Quelle retraite pour les aidants familiaux ?

Dans la grande thématique des aides aux aidants familiaux, le sujet des droits à la retraite de l’aidant familial est sans doute l’un des plus prisé depuis quelques années. Non seulement parce que les cotisations retraite sont devenues un sujet récurrent dans l’actualité généraliste, jusqu'à en devenir une toile de fond ; mais aussi parce que la retraite des aidants familiaux a elle-même récemment subi quelques changements en ce qui concerne les textes de loi. Afin de bien saisir l’ampleur de cette évolution, voyons d’abord ce qu’était la situation auparavant.

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Aide aux aidants
Mis à jour le
Publié le
5/11/2024
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La retraite des aidants avant septembre 2023

Mise en contexte

Les aidants familiaux prennent soin de millions de personnes en situation de dépendance. Leur investissement quotidien a des conséquences majeures sur leurs conditions de vie, y compris le financement de leur retraite.  

Jusqu’au 1er septembre 2023, Le dispositif retraite pour les aidants ne couvrait qu’une minorité d’entre eux, ceux qui s’occupaient de proches en situation de handicap reconnu ou de perte d’autonomie. À ce titre, l’Assurance Vieillesse des Parents au Foyer (AVPF), alors souvent l’unique moyen pour eux d’acquérir des trimestres, se limitait principalement aux aidants ayant à charge des enfants handicapés ou des personnes dépendantes.  

Les choses ont changé, mais pour bien comprendre où l’on en est aujourd’hui, il est intéressant de savoir d'où l'on vient, surtout que le changement est encore très récent.

Les conditions d'accès et l'AVPF

L’Assurance Vieillesse des Parents au Foyer, aussi désignée sous le nom de "Titre de l’AVPF", était un dispositif légal qui permettait aux parents au foyer ou aux aidants familiaux de valider des trimestres de cotisations pour la retraite, quand bien même ils ne travaillaient pas. Les montants de cotisations étant alors versés par la CAF, pour le compte du bénéficiaire.

L’AVPF permettait ainsi aux aidants de maintenir des droits dans le système de retraite malgré l’absence de cotisations par la voie habituelle durant les périodes où ils interrompaient ou cessaient leur activité professionnelle.  

Toutefois, les conditions d’accès étaient draconiennes, l'idée étant de réserver la prestation sociale aux situations de handicap lourd ou de dépendance avérée, excluant de fait une grande partie des aidants familiaux.

Il fallait par exemple :  

  • que la personne aidée ait une incapacité permanente reconnue par la Sécurité sociale ;
  • ou qu’elle bénéficie de prestations de compensation, telles que l’Allocation d’Éducation pour Enfants Handicapés (AEEH) ou encore l’Allocation Journalière de Présence Parentale (AJPP) ;  
  • que les ressources du foyer ne dépassent pas un plafond fixé et soient révisées annuellement par la Sécurité sociale.  

Au vu de tous ces critères, de nombreux aidants, bien qu’ayant des proches en situation de grande dépendance, étaient laissés de côté comme ceux qui s'occupaient de leurs conjoints, partenaires de PACS ou beaux-parents.

Les conséquences d'une carrière interrompue

Chose qui n’a malheureusement pas changé en 2024 : les aidants familiaux sont nombreux à renoncer temporairement, voire définitivement, à leur activité professionnelle afin de pouvoir prodiguer une aide régulière à leurs proches. Et cela se répercute négativement sur leur carrière et leur avenir.  

Car bien entendu, l’absence de cotisations durant ces périodes réduit les droits à la retraite et entraîne une décote sur leur future pension. De nombreux aidants se retrouvent ainsi en fin de vie active avec une carrière incomplète et des trimestres non validés, ce qui impacte considérablement le montant retraite qu’ils reçoivent à la fin du mois.

Ce phénomène est encore plus notable chez les femmes, qui représentent une majorité des aidants familiaux, et qui, mécaniquement, subissent davantage les effets de ces interruptions de carrière.  

Les démarches administratives pour valider des périodes de prise en charge, ainsi que les plafonds de ressources imposés par le système, viennent encore compliquer l’accès à des droits de retraite complets. Résultat : une retraite fortement précaire, car même les dispositifs de rattrapage de trimestres ou de majoration par période ne permettent pas toujours de compenser l’ensemble des pertes subies.

Venant souligner les conséquences d'un accompagnement souvent non reconnu et insuffisamment valorisé dans le cadre du système de retraite, le Baromètre annuel des aidants de la Fondation APRIL indiquait en 2022 que 60 % des aidants familiaux s'inquiétaient de leurs conditions de vie à la retraite. Et au vu des limites de l’AVPF précédemment évoquées, on peut comprendre ce sentiment pour des aidants qui doivent s'accommoder avec des aménagements de temps de travail, risquant parfois le burnout pour s'occuper de leurs proches, tout en voyant leur propre vie sociale et professionnelle réduite à peau de chagrin.

Et aujourd’hui ? L’AVA (Assurance Vieillesse des Aidants)

Publics éligibles AVA

Comme on le laissait entendre plus haut, les choses ont évolué dans le bon sens. Continuant sur la lancée de la loi ASV de 2015, en mars 2023, l’Assemblée Nationale a voté un texte actant le remplacement de l’AVPF par l’Assurance Vieillesse des Aidants. Et ce n’est pas un simple changement de nom.

En effet, depuis l’entrée en vigueur de la réforme au 1er septembre 2023, les critères d’éligibilité ont été élargis. La modification phare est sans aucun doute le fait que désormais, le dispositif s’adresse aussi aux aidants qui ne font pas partie de la famille du proche aidé.

Autre changement introduit par l’AVA : c’est la CNSA qui s’occupe de verser les cotisations trimestrielles et de notifier à la Sécurité Sociale de ne pas appliquer de décote pour les périodes où l’aidant cesse son activité professionnelle pour aider un proche. Tous les affiliés de l’AVPF ont été automatiquement rattachés à l’AVA.

Si l’élargissement des bénéficiaires est un progrès incontestable pour la reconnaissance des aidants, le reste des conditions d’éligibilité à la prestation sociale demeure inchangé. Même chose pour le contenu de la prestation en lui-même. L’AVA est certes une avancée mais une avancée à relativiser.

Démarches affiliation AVA
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Quel avantage d’être aidant familial pour la retraite ?

Nous nous sommes jusqu’ici concentrés sur le fer-de-lance des dispositions légales concernant la retraite de l’aidant familial. Or, aussi centrale soit-elle, l’AVA n’est pas la seule chose à laquelle ces travailleurs peuvent prétendre.  

Retraite aidant familial : trimestres de majoration

En effet, les aidants familiaux peuvent également bénéficier de trimestres de majoration pour les périodes durant lesquelles ils ont apporté un soutien continu et régulier à un proche dépendant. Ces trimestres de majoration font office de compensation pour les aidants ayant de cette façon interrompu ou réduit leur activité professionnelle. Concrètement : des trimestres supplémentaires sont validés, même si ce n’est pas toujours du 1 pour 1 (calcul sur le degré de dépendance).

Ils sont attribués sous certaines conditions parmi lesquelles une durée minimale de prise en charge et un certain niveau de dépendance de la personne aidée. Cette majoration par période de prise en charge n’est donc pas systématique.

Retraite à taux plein pour les proches aidants dès 65 ans

Certains proches aidants peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’une retraite à taux plein dès 65 ans. Ici le principe est d’apporter une reconnaissance à l’investissement des aidants en leur permettant de partir en retraite sans décote, ce même si le nombre de trimestres requis n’a pas été atteint.  

Pour y être éligible, il est nécessaire que l’aidant ait prodigué une aide régulière durant une période de plusieurs mois consécutifs ou plusieurs années avec une charge significative en termes de temps et de responsabilités.

C’est une mesure dérogatoire pour partiellement contrebalancer l’impact des interruptions de carrière dues à l’accompagnement d’une personne dépendante.

Mais là encore, les critères d’accès sont stricts et les démarches administratives pour bénéficier de ce droit complexes, ce qui peut décourager les aidants à s’engager dans cette voie.

La retraite anticipée pour les fonctionnaires avec un enfant handicapé

Les fonctionnaires ayant à charge un enfant handicapé peuvent bénéficier d’une retraite anticipée, leur permettant de quitter la vie professionnelle plus tôt et ainsi de répondre plus aisément aux besoins de leur enfant en situation de handicap.  

Cette retraite anticipée est offerte aux fonctionnaires sous certaines conditions, dont les principales sont :  

  • L'enfant doit être âgé de plus d'un an et présenter une invalidité reconnue égale ou supérieure à 80 % ;
  • Avoir élevé l'enfant pendant au moins neuf ans avant son 16ᵉ anniversaire ou avant qu'il cesse d'être à charge pour les prestations familiales ;
  • Justifier d'au moins 15 ans de services effectifs en tant que fonctionnaire.

C’est une option particulièrement bienvenue pour les parents qui peuvent ainsi mieux adapter leur emploi du temps aux besoins de leur enfant sans risquer une perte importante de droits à la retraite.

Bien entendu, ce dispositif a un champ d’application restreint puisqu’il ne concerne que les fonctionnaires et non les salariés du secteur privé ou les travailleurs indépendants, mais il constitue tout de même une mesure de reconnaissance pour les parents fonctionnaires aidants.

En résumé, en dépit de l’évolution positive apportée par la création de l’Assurance Vieillesse des Aidants, la situation quotidienne et l’avenir des aidants familiaux restent ponctués de défis. On ne peut que remarquer une volonté politique derrière les efforts de reconnaissance mais le contenu des mesures est encore loin d’être à la hauteur de l'engagement quotidien des aidants familiaux.

Chez Monka nous avons pleinement conscience de ces enjeux, mais aussi des réalités quotidiennes comme la charge mentale supplémentaire de l’aidant ou le déséquilibre vie professionnelle et vie personnelle. C’est pourquoi nous vous aidons vos proches et vous à avancer maintenant sans oublier demain. Découvrez-nous !

Points-clés : Est-ce que les années en tant qu'aide familial comptent pour la retraite ?

Comment prouver que l'on est aidant familial ?

Pour prouver votre statut d'aidant familial, vous devez fournir des documents attestant votre lien de parenté ou de proximité avec la personne aidée, ainsi que des preuves de l'aide régulière apportée. Cela peut inclure des certificats médicaux détaillant la dépendance, des attestations de prestations sociales perçues (comme l'AEEH ou l'AJPP) et des documents administratifs décrivant la nature de l'accompagnement.

Est-ce que le statut d’aidant familial compte pour la retraite ?

Oui, le statut d'aidant familial peut compter pour la retraite grâce à l’Assurance Vieillesse des Aidants (AVA). C’est un système grâce auquel vous pouvez valider des trimestres sans cotisation personnelle lorsqu'en tant qu’aidant vous cessez ou réduisez votre activité pour vous occuper d’un proche en situation de perte d’autonomie ou de handicap.

Un retraité peut-il être aidant familial ?

Oui, un retraité peut être aidant familial. Même s'il n'est plus actif professionnellement, il peut prodiguer des soins à un proche dépendant. Toutefois, le statut d'aidant familial en tant que retraité ne permet pas d'acquérir de nouveaux droits à la retraite. Néanmoins, il reste éligible aux allocations et soutiens dédiés aux aidants, comme l’AJPP ou des aides locales pour le soutien aux aidants.

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